Le chantier d’automne

Si vous fréquentez les ports, il est probable que vous ayez déjà entendu parler du célèbre « chantier d’hiver ». Pour les novices, il s’agit du grand chantier annuel de la plupart des bateaux, consacré aux révisions et aux réparations majeures. En effet, tout comme une voiture, un bateau s’use à chaque sortie en mer, et un bon marin doit prendre le temps de l’entretenir régulièrement. On parle de chantier d’hiver en raison de la saison à laquelle il est généralement effectué. Les journées courtes et les conditions météorologiques rendent la navigation plus difficile en hiver. Il vaut donc mieux consacrer cette période aux bricolages en prévision des beaux jours.

Pour Léon, le chantier d’hiver a commencé dès l’automne cette année. Les navigations estivales ont révélé des faiblesses au niveau de la peinture de la coque et de la quille, ce qui m’a conduit à accélérer la mise en chantier. De plus, avec le port de course au large de Lorient vidé en raison de la Transat Jacques Vabre et de la Mini Transat 2023, il était plus facile de trouver un hangar pour entreprendre le gros travail de ce chantier 2023 : la refonte complète de la carène de Léon.

La carène, partie inférieure de la coque constamment en contact avec l’eau, est la plus exposée aux agressions marines. Par conséquent, pas question de laisser la coque en carbone à nu à cet endroit. Il est impératif de la protéger avec plusieurs couches de peintures. La dernière couche, l’antifouling, empêche notamment les organismes marins de s’attacher à la coque. C’est une couche qu’il faut refaire régulièrement pour quelle reste performante. Cependant, sur Léon, les couches de peinture inférieures avaient commencé à vieillir, compromettant l’adhérence de l’antifouling qui s’écaillait régulièrement. J’ai donc profité de pouvoir mettre mon bateau en chantier tôt pour poncer la carène de Léon jusqu’au carbone et refaire l’ensemble des couches de peintures. Ce chantier complexe a exigé de nombreuses heures de ponçage et d’enduit avant l’application de la peinture. Thomas, le peintre engagé pour m’aider, a accompli la majeure partie de cette tâche et a très bien su redonner un coup de jeune à mon bateau. Un grand merci à lui !

Thomas en pleine action (photo Thomas Galliache)

De mon côté, je me suis consacré à un autre sujet mais non des moindres: refaire les conformateurs des bers. Pour ceux qui sont perdus avec tous ces mots, un petit schéma ci-dessous pour tout expliquer.

Le bois des vieux conformateurs était en train de pourrir et menaçait de casser, ce qui aurait entraîné la chute du bateau (le cauchemar). J’ai donc dû en tailler de nouveaux, les enduire de résine époxy pour les protéger de l’humidité (avec un bon coup de ponçage entre chaque couche, sinon ce n’est pas drôle) et venir fixer les anciennes semelles grâce à un stratifié en laine de verre. J’en ai aussi profité pour remplacer les mousses sur lesquelles repose Léon, afin de bien protéger la nouvelle peinture. Un bon petit boulot que j’ai pu effectuer pendant que le bateau était suspendu en l’air en vue de la peinture. Cette fois-ci c’est Franck, un ami, qui est venu m’aider pour la stratification de la semelle et j’en profite pour le remercier également. Qu’est-ce qu’on ferait sans les copains !

En train de poncer les nouveaux conformateurs
(photo Thomas Galliache)

Entre temps, Thomas a repeint la quille qui était aussi bien abimée avec une belle peinture orange fluo. Le fluo est obligatoire sur les appendices pour rendre le bateau plus visible dans l’éventualité où il se retournerait en mer. Cela nous a permis de la remettre sur Leon dans la foulée pour pouvoir le sortir du hangar et continuer le chantier sur le terre-plein extérieure, où il est rangé avec les autres Minis. Car oui, si le chantier d’automne est terminé, le chantier d’hiver lui n’est pas fini ! Il reste encore l’entretien courant des pièces et des cordages, le remplacement de ceux qui sont trop vieux ou défectueux et enfin la préparation du bateau pour sa remise à l’eau. Car sans mât et sans voiles, il ne risque pas d’aller bien loin pour le moment.

Sortie de chantier avec la nouvelle peinture !

Le plus dur dans un chantier d’hiver c’est de savoir à quel moment on est satisfait du travail effectué et de dire stop pour retourner naviguer !

2 réflexions sur “Le chantier d’automne”

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